L'Enfant du Plazza
Par un froid matin de Janvier dernier, un musicien de rue était debout dans la station «L’Enfant du Plazza » du métro de Washington DC… Il a joué pendant 45 minutes du Bach, L’Ave Maria de Schubert, du Massenet et, à nouveau, du Bach. Plus de mille personnes sont passées devant lui sans détourner la tête. Durant trois quart d’heure, seuls 7 passants se sont arrêtés un instant. Sur plus de 1000, un seul l’a reconnu : c’était Joshua Bell, un des plus grands violonistes de ce temps. Il jouait sur un Stradivarius de 3.5 millions de dollars : il en a récolté 35 !
Cet événement avait été organisé incognito par le Washington-Post.
Infichus de distinguer le commun du sublime, hébétés de routine, sonnés par l’anomie, ce sont ces mêmes troupeaux moutonniers que l’on incite à désigner leurs Maîtres.
Ce que dit Yvan Rioufol (voir Liberté d'Expression) relève d’une logique saine et apaisante, mais dans une Démocratie on ne peut sous-estimer l’implication du Peuple dans une lâcheté ambiante dont il est le premier responsable.
En rendant l’Homme esclave de sa propre boulimie de bien être, la Démocratie (telle qu’elle est) est un système vicié qui avoue, désormais, ses limites. Peut-on dire que le Grec d’aujourd’hui est plus heureux que son ancêtre au temps de Périclès ? Faute de quoi, il faut admettre que le progrès démocratique et sociétal est une fiction suspecte surtout profitable à ceux qui tirent grand intérêt de la société de consommation.